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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/35

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Ce qui est intéressant, c’est de voir comment cette question se termina devant l’Assemblée nationale. Vous croyez peut-être que, parmi ces catholiques qui forment la majorité, un homme va se lever, souffleter de son mépris le fanatique vieillard qui, dans l’intérêt des siens, a déchaîné l’épouvantable insurrection qui a coûté la vie à tant de Français. Vous supposez qu’une voix tout au moins s’élèvera pour rendre hommage à tous ces Arabes tués dans la guerre

    la colère des députés juifs qui sont hors d’eux-mêmes à la pensée d’amnistier ces Arabes, prisonniers déjà depuis de longues années. Etienne ne sait plus même ce qu’il dit : « Ignorez-vous, s’écrie-t il, qu’ils ont incendié des fermes, des femmes et des enfants ? » Thomson déclare qu’on ne peut libérer ces captifs parce que l’on a profité de la circonstance pour voler leurs biens et qu’il faudrait les leur rendre. Camille Dreyfus se prononce énergiquement contre la proposition.
        Henri Rochefort, qui n’a jamais réfléchi, est, dans ce cas particulier, par son seul instinct d’être indépendant, un politique très prévoyant. Ce n’est pas le moment pour nous, en effet, d’abandonner l’espèce de droit nouveau qui admettait que les peuples soumis par la force défendent leur indépendance. La France est, ou plutôt était, avant de tomber aux mains des Juifs, un pays de pur sentiment ; l’Allemagne pays de raisonnement, au contraire, tient à pouvoir formuler une théorie à l’appui de ses actes. Le refus de tout pardon, l’implacabilité montrée à des patriotes révoltés, le droit, affirmé crûment par Thomson, de s’emparer des biens des insurgés, sont des précédents que la Prusse enregistre soigneusement et qui lui serviraient, à l’occasion, à exercer toutes les violences contre les Alsaciens lorrains qui voudraient secouer le joug.
        La Russie tenait également à faire nier par un Polonais ce droit à l’insurrection que la Pologne a si souvent revendiqué contre ses oppresseurs, et elle s’est servie de Cryjanowski. Tout cela, encore une fois, est utile à regarder au point de vue de l’évolution des idées, montre bien la fin de la légende de la France révolutionnaire, émancipatrice de nations, généreuse, pardonnant vite à ceux mêmes qu’elle a été obligée de combattre. Il n’y a plus que l’intérêt du Juif qui touche nos Assemblées françaises.