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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/366

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révolutionnaire dont il faut faire son deuil comme de tant d’autres. M. le baron Kervyn de Lettenhove, qui a patiemment fouillé, pour son admirable ouvrage : « Les Huguenots et les Gueux, étude de vingt-cinq années du XVIe siècle », toutes les archives de France, d’Angleterre, de Belgique et d’Espagne, qui n’avance pas une assertion sans en donner la preuve, a éclairé ce point d’une lumière complète.

Catherine de Médicis, aux prises avec d’inextricables difficultés, ne trouva qu’un moyen de sortir d’embarras, c’est de faire assassiner Coligny comme il avait fait assassiner Henri de Guise. Maurevel, a-t-on dit, et plus probablement un spadassin italien, Pierre-Paul Tosinghi, embusqué « dans un meschant petit logis » de la rue des Fossés-Saint-Germain-l’Auxerrois, tira sur l’Amiral, qui sortait du Louvre, quatre coups d’arquebuse qui ne firent que le blesser. L’insuccès de cette tentative décida la Saint-Barthélémy. « Si l’une des quatre balles avait atteint le cœur, disent les ambassadeurs vénitiens, la Saint-Barthélémy n’aurait pas eu lieu. »

Les Huguenots, exaspérés, se mirent en état d’insurrection et s’apprêtèrent ouvertement à marcher sur le Louvre et à détrôner Charles IX.

La légende nous montre des pauvres colombes endormies sur la foi des traités. Les colombes étaient des soldats exercés portant la tenue de guerre, armés jusqu’aux dents, qui chevauchaient toute la journée dans les rues de Paris, qui accompagnaient Coligny au Louvre, et qui, fiers de leur nombre, bravaient sans cesse Tavannes et les autres catholiques, et venaient insulter le roi jusqu’à sa table. Les Huguenots étaient les maîtres de Paris ; ils y avaient rassemblé toutes leurs forces ; ils avaient à eux huit cents gentilshommes et huit mille hommes parfaitement disci-