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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/441

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labeur, s’il lui avait fallu écrire cinquante lettres par jour pour annoncer aux gens « qu’ils avaient le Verbe en eux, » et qu’il « pressait cordialement leurs mains loyales. »

Ce Lesclide, aposté dans la maison par Lockroy, était un Juif Je Bordeaux, un Juif de l’espèce gaie qui pintait rigoureusement au dîner, mais qui n’était pas désagréable.

Ainsi entouré, Victor Hugo n’avait plus guère le moyen de manifester une opinion libre. Il est moralement certain pour moi qu’il a demandé un prêtre et bien des témoignages matériels tendraient à confirmer cette conviction. On a entendu Vulpian affirmer positivement ce fait dans un salon. Vulpian, sans doute, a démenti par écrit ce qu’il avait dit de vive voix, mais sa lettre sue le mensonge et la peur. Il est démontré, en tous cas, que Lockroy a intercepté la lettre remplie d’une si évangélique charité de l’archevêque de Paris, et qu’elle n’a pas été remise au malade.

Ce qu’il faut toujours regarder c’est le ton que prennent ces gens-là dans ces questions. Je ne songerai jamais à m’étonner qu’un Israélite fasse demander un rabbin pour le consoler à ses derniers moments ; j’ajoute même que, s’il m’en priait, j’irais le chercher moi-même et que je payerais le fiacre au besoin. Voulez-vous savoir comment Germain Sée qualifie la possibilité même d’un acte pareil ? « Mon cher ami, écrit-il à son complice Lockroy, si vous avez lu le Monde d’hier, vous y trouverez une monstruosité sur le désir qu’aurait manifesté le Maître de se confier à un prêtre. »

Je vous demande en quoi il serait monstrueux qu’un homme qui a dû ses plus belles inspirations à la religion chrétienne, qui a célébré Jésus, l’Eglise, la prière en vers immortels eût le désir, avant de quitter la terre, de causer avec la ministre d’un Dieu qui a été le sien.