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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/442

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Locroy est plus insolent encore. Les rédacteurs du Monde, voulant espérer quand même que l’âme du poète était sauvée, avaient demandé simplement et très convenablement si Victor Hugo n’avait pas souhaité voir un prêtre. « Les drôles, qui rédigent un journal religieux appelé le Monde, » voilà sur quel ton Lockroy commence sa réponse.

Lockroy est sûr de ce qu’il fait en écrivant ceci. Il est de ceux qui ont reçu le plus de corrections dans leur vie et qui les ont reçues le plus patiemment. Il avait fait tout jeune l’apprentissage des humiliations en voyant son père, moyennant quelques feux modestes, se livrer à des pitreries ou tendre le dos pour amuser la foule au théâtre. Il justifie donc ce que dit Montaigne, dans son langage imagé, de la puissance de l’habitude : « Celui-là me semble avoir très bien conçu la force de la coustume, qui premier forgea ce conte qu’une femme de village ayant appris à caresser et a porter entre ses bras un veau dès l’heure de sa naissance et continuant toujours à ce faire, gagna cela par l’accoutumance que, tout grand bœuf qu’il était, elle le portait encore. »

Avec les journalistes catholiques, Lockroy prend sa revanche. Il y a là des officiers, d’anciens zouaves pontificaux, qui ont été héroïques sur les champs de bataille et dont la vue seule ferait cacher Lockroy sous la table ; retenus par les défenses de l’Eglise, ils laissent ce malheureux les insulter sans lui envoyer de témoins.

Les camarades de Lockroy tirent de là, naturellement, des conséquences absolument fausses. Je vous citerai Louis-Stanislas Meunier. J’ai lu de lui des articles où retentissait parfois, à travers les blasphèmes, une note vibrante et originale, où l’on trouvait une peinture sincère de nos misères