Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/469

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cette affaire de Chaulnes, en haine de cette noble duchesse de Chevreuse, coupable de porter un des plus beaux noms de France[1].

Sous ce rapport, le roman d’Alexis Bouvier, publié dans

  1. Toute cette campagne, déclamations sur la maternité, apitoiements sur la mère privée de ses enfants, aboutit naturellement à procurer une affaire a une Juive. Toutes les fois que vous verrez la presse parisienne partir tout à coup en guerre à propos d’une calastrophe ou d’un scandale, dites-vous : « il y a un brave Israélite qui a envie de gagner quelques louis. » Les Delpit s’agitent, les Juifs les mènent.
    C’est Mme Gerst qui est chargée de porter les diamants de la duchesse de Chaulnes au Mont de Piété, et il est permis de penser qu’elle a tiré quelque rémunération de sa peine. La Lanterne du 9 mars 1883 ; nous a donné le portrait de cette femme dévouée :
    « Mme Gerst est marchande à la toilette et demeure Chaussée-d’Autin, à côté de la République française. Elle a là une grande boutique où l’on voit entassés les objets les plus hétéroclites, depuis les dentelles de grand prix, depuis les pièces d’argenterie jusqu’aux bibelots les plus insignifiants, les plus inattendus. C’est ainsi qu’à côté d’une soupière d’argent qu’à failli acheter M. Gambetta, et qui est cotée dix mille francs, on voit accroché un minable cor de chasse tout bosselé, qui vaut bien soixante-quinze centimes, et dans lequel est passé un volant de Chantilly, dont l’extrémité flotte sur un encrier de zinc doré d’un franc cinquante.
    « La maîtresse du logis est une petite femme au type Israélite très accentué, à l’accent alsacien prononcé, et universellement connue dans le quartier de la Chaussée d’Antin, où tout le monde la désigne sous le nom de la Juive, »
    Il va sans dire que Mme Gerst proteste qu’elle n’a agi que par amour pour l’humanité. « La duchesse, dit-elle, avait beaucoup d’amitié pour moi et me disait souvent : Gerst, tu vas faire telle ou telle chose. Je le faisais et ne racontais ses affaires à personne, bien qu’on vint me dire souvent : Vous connaissez la Chaulnes, parlez-nous donc de ses projets. »
    Quelle leçon dans le spectacle de cette femme refusant d’écouter les conseils de saints religieux qui l’auraient aidée à sauver on corps et son âme et en arrivant à s’échouer dans une boutique de bric à brac, entre un cor de chasse bosselé et une vieille soupière, pour l’entendre appeler la Chaulnes, par une revendeuse à la toilette juive ! Voilà le roman qu’il eût fallu faire…