Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/48

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jamais été traqués les Iroquois, les Peaux-rouges, et les naturels de la Nouvelle-Zélande, qui ont fini par disparaître complètement.

Voilà la conception que les républicains, qui ont sans cesse dans la bouche les mots de civilisation et de progrès, se font de la fraternité.

Le cœur se serre lorsqu’on pense à ce que pourraient faire de ces peuples des hommes qui seraient pour ces frères cadets de la famille humaine des aînés compatissants et bons.

On ne sait pas quel sentiment de reconnaissance éveille dans le cœur de l’Arabe tout acte qui est honnête et droit.

J’ai eu quelque temps pour secrétaire un ancien déporté de Lambessa. C’était le portrait parlant d’un des personnages du tableau si philosophique, si spirituellement observé de Beraud : « A la salle Graffard. » Ces crânes en cône, qui ont comme une déviation du sens de l’idéal, sont malléables dans la jeunesse et facilement envahis par les vapeurs de tous les systèmes ; ils s’ossifient plus tard et la vapeur, l’idée fausse, la doctrine erratique restent là prisonnières. Doux d’apparence, têtus comme des mules, ces êtres-là résistent à tout. La vie épuise sur eux ses rigueurs sans les changer.

La vie, mon pauvre compagnon de travail avait appris à ses dépens ce qu’elle peut contenir d’amertumes. Traîné à travers la France, les menottes aux mains, tandis que les hommes qui ont profité de la République servaient l’Empire ou faisaient de l’opposition à l’eau de rose ; mis au silo, cassant des cailloux sous le soleil, puis courant après un morceau de pain dans les rues de Paris, il n’avait eu qu’un moment heureux, le court moment où, après l’am-