Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/49

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nistie impériale, il avait été chargé de régir un immense domaine, dont les concessionnaires n’habitaient pas l’Algérie.

Parfois, après lui avoir dicté quelques pages réactionnaires, je lui disais : « Bourrez une pipe et parlez-moi de l’Algérie ! »

Alors la pensée de cette victime de la politique, de ce sectaire si durement traité par la Destinée, aux prises chaque jour avec la misère noire, grelottant l’hiver sous sa redingote râpée qu’il gardait propre quand même, s’en allait vers l’Afrique, vers les souvenirs des nuits claires passées à la belle étoile, vers les parfums des jardins, vers les silences profonds, vers ces grands espaces surtout où, débarrassé de toutes les vexations sociales, l’homme semble revenu à l’état édénique et se promène libre à travers ces étendues que nul ne songe à lui disputer.

Même à Paris, cet Africain d’adoption avait reçu des témoignages d’affection des Arabes et, là-bas, il avait été aimé d’eux, autant qu’il les aimait lui-même. Pourquoi ? Parce qu’il avait été probe, parce qu’il avait été juste et que la justice, là plus encore qu’ailleurs, impressionne des gens qui n’y sont pas habitués.

Un simple fait raconté par M. du Bouzet prouve quels trésors de gratitude il y a chez l’Arabe pour ceux qui lui font quelque bien, ou, du moins, pour ceux qui empêchent qu’on ne lui fasse du mal.

L’histoire de la charité est la même sous toutes les latitudes et dans tous les climats. Des gens pieux, voulant servir Dieu en aidant ses créatures, se privent pour fonder des établissements où les pauvres et les malades soient hébergés, soignés, consolés. L’Etat s’empare de ces fondations sous prétexte d’y mettre de la régularité, il dépense tout en frais de paperasses et en traitements d’employés ;