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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/508

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Quinze jours après, M. Clerget frappait à la porte d’une autre étude, recommençait son boniment et terminait par la demande invariable de 3,000 fr. Le notaire, heureux d’obliger le président, et croyant être le seul à être « honoré » de cette confiance, allongeait les trois billets de mille.

Six notaires de Macon furent ainsi pris. L’un d’eux reçut même deux fois la visite du président. À 3,000 fr. la visite, coût : 6,000 fr. Ces soi-disant prêts étaient faits par billets avec intérêts, mais l’honnête président ne se préoccupait pas plus des intérêts que du reste. L’un des notaires, victime de cet emprunteur, lui écrivit un jour pour réclamer le paiement des intérêts. Il ne reçut pas de réponse. Seulement, quelque temps après, il apprit qu’il était commis par le président à une liquidation sur laquelle il ne comptait pas : « Ah ! voilà mes intérêts ! » s’écria-t-il.

Il est juste de dire que M. le président Clerget était très large en fait de taxes. Il avait coutume de dire qu’il fallait prendre l’argent là où il y en avait. — Les notaires de Maçon s’en sont bien aperçus.

Les avoués et les huissiers n’ont pas été plus épargnés. Quant aux fournisseurs, ils attendront longtemps le paiement de leurs notes. On cite un négociant en vins de Mâcon auquel M. Clerget-Allemand doit 800 fr. de fournitures et 100 fr. d’argent prêté. — Ce négociant a eu un mot assez plaisant : « Cela m’étonnait, a-t-il dit, il trouvait toujours mon vin excellent. » Parbleu ! à ce prix-là !

Beyne, procureur de la République à Mont-de-Marsan, contraint une jeune fille, Noémie Pesquidoux, à se livrer à lui, en lui promettant l’impunité pour un léger délit dont elle est accusée, en la menaçant de toutes les sévérités de la loi si elle refuse ses propositions malhonnêtes. La jeune fille, devenue enceinte des œuvres de ce vertueux magistrat, est obligée de l’assigner pour obtenir des aliments pour son enfant. Beyne fait poursuivre l’huissier Souques qui s’est permis de l’assigner. Finalement l’affaire excite un tel scandale qu’on se décide à révoquer cet étrange cham-