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sons qu’on vend à un Juif. » Il répondit aussitôt : « J’irai visiter les deux maisons et si ce que vous me dites est exact, ces maisons ne seront pas vendues, vos pauvres y resteront. »

Les Musulmans partirent radieux, après avoir fait inscrire leur nom en arabe sur une immense feuille de papier.

Avant d’entrer au palais, ils avaient rencontré le Juif Mesguich, qui les guettait et qui, venu sans doute pour les narguer, leur dit qu’il aurait les maisons quand même.

Mais, laissons M. du Bouzet nous raconter lui-même sa bonne action[1].


J’allai, dit-il, visiter les dix maisons avec un jeune pharmacien musulman, mon secrétaire, M. Monin, et un physicien célèbre, M. Janssen.

M. Janssen, parti en ballon de Paris, parce qu’il n’avait pas voulu prendre un sauf-conduit prussien, avait été désigné par l’Académie des sciences pour observer, près d’Oran, l’éclipse totale de soleil, et il me faisait l’honneur d’accepter l’hospitalité au palais du gouvernement.

Nous trouvâmes dans ces maisons un entassement de familles musulmanes, toute une famille dans une seule chambre, et en général, la misère décente avec la propreté dans la maison, qui distingue les Maures d’Alger.

Ces familles étaient presque toutes d’une condition déchue, et on leur louait, par charité, à prix réduit et presque nominal.

Quelques-unes étaient tout à fait pauvres. Je vois encore sortir du dessous de l’escalier qui lui servait de demeure, une vieille femme aveugle la taille courbée, tenant à la main la carta qu’elle venait de recevoir et qui lui donnait congé.

Elle me poursuivait de ses gémissements.

Je dis partout à ces malheureux : « Vous resterez dans vos

  1. Enquête sur les actes du gouvernement de la Défense nationale », tome III ; déposition de M. du Bouzet.