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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/512

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tue. Il faut lire le récit de cette agonie dans la Lanterne (numéro du dimanche 18 novembre 1883). Rien n’est plus tragique. L’histoire a d’ailleurs été réunie plus tard en brochure. L’infortuné, rentré tranquille et content à son presbytère après une journée de bonnes œuvres, trouve un journal dans une lettre, il l’ouvre, il lit les calomnies qu’on a imprimées contre lui et il s’écrie : « Je suis perdu[1] ! »

La tempête alors éclate sous le crâne du prêtre de village, y trace sur le papier une dernière protestation d’innocence : « Je suis innocent, je meurs victime ! » écrit-il ; puis il tente de s’asphyxier, il allume un petit fourneau de charbon de bois, mais la mort ne vient pas ; alors il veut protester encore et le cerveau déjà empli de vapeurs mortelles, il griffonne quelques mots incompréhensibles sur ce papier que l’on retrouva le lendemain, dit la Lanterne, « maculé, sali, noirci « comme si on avait essayé d’y tracer des caractères à l’aide du doigt trempé dans la cendre. » Il a la force de se traîner jusqu’au grenier et le matin on

  1. Il est inutile, je crois, de démontrer longuement l’innocence du pauvre prêtre qui n’a jamais fait doute pour personne puisqu’à l’heure du crime, il était à six kilomètres de là.
        Les Juifs n’ont donné que deux preuves de sa culpabilité. Voici la première : Lanterne du jeudi 23 novembre 1883, 3 frimaire au 90, troisième colonne : Ce jour là même, à Ferreux, le curé vint-il, selon l’usage, dire les prières sur le corps de Duban ? Non… Même numéro, quatrième colonne. Les obsèques de Duban eurent lieu le 5 mais au soir, à Champcenetz, commune d’où dépend le château de Ferreux. Pour comble d’hypocrisie et d’horreur, à côté de l’abbé Proffit, curé de Champcenetz officiait… le curé Frairot. L’assassin osait venir dire les prières de l’Église sur le corps de sa victime !
        Quand le curé n’officie pas c’est la preuve qu’il est coupable, quand il officie c’est un crime de plus. Etonnez-vous donc qu’un prêtre de campagne traqué de cette façon ait perdu la tête !