Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/515

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Pierre — n’avait nullement souhaité cette sorte d’élévation pour son fils, car il était sincèrement attaché à la religion de ses pères, et la tiare même ne l’aurait pas rendu parjure à sa foi. Le Monsignor, son fils, a été élevé dans les saines traditions de la religion juive, et il est plus que probable qu’avant l’âge de quinze ans il n’avait jamais mis les pieds dans une église.

Les dispositions du jeune Austerlitz auraient attiré sur lui l’attention d’un rabbin de Prague, M. Teweles, qui aurait commencé son éducation et lui aurait donné quelques notions de musique. A la mort de son père, le jeune homme fut obligé de donner des leçons pour vivre et bientôt il entra comme violoniste au théâtre de Prague.

C’est là, continuent les Archives, que se manifesta à lui la grâce sous la forme d’une jeune… lady anglaise sur qui la beauté exceptionnelle du jeune virtuose avait produit une profonde impression. Howard passa du théâtre à l’hôtel de la riche anglaise et il put, le lendemain, annoncer aux parents de ses élèves que désormais il n’avait plus besoin de courir le cachet. En 1852, il reçut une invitation de passer en Angleterre et accepta.

Nous n’avons point de détails authentiques sur son séjour dans ce pays ; nous savons seulement que les portes des salons les plus aristocratiques de Londres et de Dublin lui furent largement ouvertes et que c’est en Angleterre qu’il se convertit au Christianisme pour se vouer à la carrière ecclésiastique. Il changea à cette occasion son nom d’Austerlitz contre celui de Howard. L’archevêque Manning l’honora de sa faveur toute spéciale et il devint très en faveur auprès de l’aristocratie féminine. Au commencement de l’année 1860, il fut présenté au Pape, comme membre d’une députation catholique anglaise. Pie IX, chez lequel le sentiment du beau est très développé, retint le jeune prêtre et lui accorda immédiatement le titre de « Cameriere della sua santita, » distinction qui lui valut en même temps le titre de Monsignor. Afin d’assurer au nouveau chambellan du Pape un revenu convenable, les dames de l’aristocratie anglaise se cotisèrent pour une somme de 30,000 livres sterling dont elles lui firent cadeau.