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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/550

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jeta le misérable dans une baignoire remplie d’eau presque bouillante. Lorsque l’infirmier de la salle, Pariset, revint chercher son paralytique, il s’aperçut avec stupeur que celui-ci était complètement échaudé : « la peau de son corps s’enlevait par longues bandes, » nous dit un témoin oculaire. Aujourd’hui — deux mois après ce bain bouillant — les brûlures ne sont pas encore guéries !

Ce n’est là qu’un cas entre mille.

On opère de la même façon pour les vieillards ; l’un d’eux a été pendu par les pieds, et est resté la tête en bas, pendant plus d’une minute, parce qu’il avait sali son lit…

Au mois de janvier 1885, un paralytique qui occupait le lit n° 19, dans la salle Saint-François, à l’hôpital Beaujon, est arraché de son lit par un infirmier ivre et jeté dans le caveau à charbon où il expire quelques minutes après.

Le procès de cet infirmier du nom de Bourré, qui en fut quitte pour six mois de prison, révéla des détails incroyables sur l’incurie des Quentin et des Peyron.

Cet homme avait été chassé deux ou trois fois de tous les hôpitaux de Paris pour ivresse et violence envers les malades et il rentrait tranquillement quelques mois après dans les hôpitaux d’où il avait été renvoyé ; il faisait le tour et il avait été successivement à Cochin, à Lariboisière, à la Charité, à Saint-Antoine, à la Pitié, à l’Hôtel-Dieu, à Bichat, à Beaujon !

Les malades sont exposés à toutes les négligences quand ils ne sont pas victimes de tous les mauvais traitements des mercenaires[1]. Le 26 juin 1882, une malheureuse

  1. Lire la pétition touchante adressée, au mois de janvier 1884, au président Grévy par douze cents malades de l’hospice des Incurables d’Ivry-sur-Seine, qui rappellent ce qu’ils ont souffert ailleurs de la part des infirmières laïques et qui supplient qu’on ne les prive pas des soins que leur prodiguent les religieuses.
        « La plupart d’entre nous, disent ces pauvres gens, ont fait un