Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/56

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En beaucoup de localités les Européens refusent d’admettre les Juifs dans leurs lieux de réunion. À Oran, les oppresseurs sont sévèrement exclus des fêtes de charité qui s’organisent au mois de janvier 1882. « Vous êtes Français de nom et non de cœur, » leur répond-on, quand ils essayent de protester contre cet ostracisme mérité.

Le maire, Abraham Nahon, fait alors interdire la cavalcade par le conseil municipal. A Tlemcen, au mois de mai 1883, le maire veut également imposer aux Européens l’obligation de recevoir les Israélites dans un bal organisé par souscription, et des troubles, réprimés avec violence, ont lieu à la suite de cette singulière fantaisie d’empêcher les gens de danser avec qui il leur plait.

Les troubles du mois de juillet 1884, à Alger, eurent une importance exceptionnelle et constituèrent un véritable commencement de soulèvement anti-sémitique. Les journaux parisiens, on le comprend, ne parlèrent de ces scènes si significatives qu’à mots très vagues, comme ils parlent de tout à ce peuple qui se croit en avance sur l’univers et qui est moins informé de tout ce qui se passe que le dernier bourgeois de Liverpool ou d’Augsbourg.

Effrayé par une émeute de trois jours et par l’assaut donné aux maisons juives, le Consistoire, moins arrogant que de coutume, démentit énergiquement les insultes vomies par les Israélites contre la France.

« Les Français sont des lâches ; ils ont capitulé en 1870. » Tels sont, d’après le Petit Colon lui-même, qui est favorable aux Sémites[1], les propos qui avaient exas-

  1. La presse sémitique serait singulièrement représentée là-bas, s’il faut en croire ce que raconte le Cri du Peuple du 9 janvier 1884 sur un Juif nommé Mer, gérant du Petit Colon. Un pauvre soldat