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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/81

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on entend prononcer le nom du comte de Camondo ou du baron de Hirsch, mais on s’y accoutume presque.

L’aristocratie, loin de trouver la France nouvelle hostile ou simplement indifférente comme l’Amérique, correspondait tellement aux mœurs et aux habitudes du pays, faisait si bien corps avec lui, qu’elle n’aurait eu qu’à le vouloir pour être une puissance, sinon un pouvoir, une influence considérable, sinon une autorité reconnue. Là encore elle a été au-dessous de sa tâche, elle s’est montrée inhabile à tout.

A la première Révolution, quarante mille gentilshommes, habitués dès l’enfance au maniement des armes, disposant de toutes les situations considérables, tous braves personnellement, ont commencé par préparer le mouvement qui devait les emporter en embrassant avec chaleur les idées nouvelles, puis, au lieu de se concerter, ils ont fui devant une poignée de scélérats. Excepté le prince de Talmont, il n’y eut pas un seul véritable grand seigneur en Vendée ; jamais un prince du sang n’y parut et l’injure jetée à la face du comte d’Artois, par Charrette, prêt à mourir, est restée dans toutes les mémoires[1]. Aussi riches et presque aussi puissants aujourd’hui qu’au moment de la Révolution, les descendants de ces hommes frivoles laissent périr la France avec la même insouciance et ne font rien pour lutter.

A quoi tient cette radicale impossibilité de l’aristocratie Française d’être utile à quelque chose ? Beaucoup de ceux qui la composent sont, par la générosité du cœur, par l’élévation

  1. Sur le triste rôle joué constamment par le comte d’Artois, consulter l’ouvrage de M. Forneron : Histoire générale des émigrés pendant la Révolution française.