Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/82

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des sentiments, restés l’élite de la société. On rencontre ça et là, dans la noblesse et dans la haute bourgeoisie, de magnifiques dévouements ; il existe là des saints et des saintes inconnus, des femmes jeunes, admirablement belles, soignant des malades, des œuvres soutenues avec une charité sans égale. Tout cela sans bruit, avec la crainte même de la publicité. C’est dans ces classes que se recrutent ces créatures célestes qui intercèdent Dieu pour nous. Si Paris a ses dessous que le regard ose à peine sonder, il a aussi ses dessus que bien peu connaissent, ces dessus où vivent de nobles âmes que le ciel voit plus que nous ne les voyons, car elles sont plus près de lui que de la terre où nous rampons.

Individuellement, je le répète, le véritable noble est généralement très bon. Il fait du bien, mais au lieu de s’en vanter grossièrement, comme le Juif qui bat la grosse caisse dès qu’il a donné cent sous, il cache ses bienfaits avec une délicate pudeur. En province, il y a rarement des pauvres autour des châteaux habités par d’anciennes familles. Dans un petit coin du Forez, que j’ai eu l’occasion d’habiter, le baron de Rochetaillée, par exemple, pour ne citer que ce que j’ai vu, ouvre un compte à tous les habitants indigents chez le boulanger et le boucher, il assure le nécessaire à tous. Il est impossible de mieux remplir les fonctions de ce riche, que Tertullien appelle « le trésorier de Dieu sur la terre. » Les radicaux, pour récompenser cet homme généreux, l’accusent d’enlever le goût du travail à ceux qu’il oblige en les nourrissant et ils espèrent bien, à la prochaine révolution, le guillotiner pour ce motif.

Ceci, j’en suis convaincu, est absolument indifférent au baron de Rochetaillée. L’ingratitude est parfaitement égale à ces âmes. Le noble, le représentant complet de la race