Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/83

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aryenne, affinée et comme spiritualisée, est étranger a tout sentiment de rancune. Le christianisme, joint à une manière de penser naturellement grande, a détruit dans ces cœurs tout ressentiment des injures. Le Juif tient à la disposition de ses ennemis tout ce que, selon le mot de Goncourt, « une race, éclaboussée par le sang d’un Dieu, peut avoir de fiel recuit depuis dix-huit cents ans » le noble, lui, n’a ni fiel, ni haine.

Quoi de plus superbe que Montmorency écrivant son testament une heure avant d’aller à l’échafaud et léguant à Richelieu le tableau de Carrache représentant Saint Sébastien percé de flèches qui est maintenant au Louvre ? Plus tard, quand, dans sa cellule de la Visitation de Moulins, la duchesse revit en songe le mari qu’elle avait si tendrement aimé, malgré ses infidélités, elle apprit de lui qu’il était au nombre des Elus. — Quelle est surtout celle de vos actions qui vous a fait accorder cette grâce souveraine ? Lui demanda-t-elle. — La facilité avec laquelle j’ai pardonné. Dieu m’a fait miséricorde parce que je me suis montré miséricordieux envers ceux qui ont souhaité ma mort[1].

Dans le livre si touchant de M. Charles d’Héricault, Histoire de la Révolution racontée aux petits enfants, vous trouverez mille choses de ce genre. Quelle est belle cette réponse du pauvre petit Dauphin accablé de mauvais traitements, roué de coups par Simon !

  1. Mgr Fliche : Mémoires sur la vie, les malheurs, les vertus de très haute et très illustre princesse Marie-Félicie des Ursins, duchesse de Montmorency.