Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/84

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— Que me feras-tu, Capet, lui dit un jour Simon, si les Vendéens viennent te délivrer ?

Le Dauphin se rappela la promesse qu’il avait faite à son père, et il répondit :

— Je vous pardonnerai…

N’est-il pas encore d’une délicatesse exquise ce fait que raconte Renan dans ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse ? Après la Révolution, les demoiselles nobles pensionnées à l’hospice de Tréguier mettaient, le soir, des chaises devant la porte et devisaient dans cette tranquillité d’un jour finissant qui enveloppe les villes de province de je ne sais quelle poésie silencieuse. Quand elles voyaient arriver ceux qui s’étaient enrichis à leurs dépens, elles ôtaient leurs chaises et se retiraient à l’intérieur ou allaient prier à la chapelle pour ne pas faire rougir ces richards, pour ne pas faire éprouver un sentiment de honte à ces voleurs légaux. On a cité cent fois ce mot imbécile et charmant de Charles X, au moment de signer une nomination à une recette générale.

— Je dois prévenir Votre Majesté que c’est le fils d’un régicide.

— On ne choisit pas son père.

Il est vrai que la place qu’il accordait au fils d’un régicide, le roi l’aurait refusée au fils d’un chouan qui serait mort pour sa cause. L’oubli des services rendus, chez les Bourbons et chez tous ceux qui appartiennent à ce parti, a toujours été égal à l’oubli des offenses. Dans ces têtes légères rien ne laisse d’impression profonde, et la douceur native reprend vite le dessus, « Brillants oiseaux à l’élégant plumage, » dit le poète grec en parlant des Aleméonides.

Qu’est donc l’inoffensive Terreur blanche à côté de cette