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Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 2.djvu/56

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Et les astres conjurez
Nous rendent peu asseurez
Contre l’orage du monde.
Le sort cruel nous dévore
Par non revocable loy :
Mais rhomnie n’a point encore
Plus grand ennemy que soy.
Tout autre animal apporte,
Plus grande commodité,
Armant sa nativité
D’une detfence plus forte.
L’homme seul à sa naissance,
Par gemissemens et pleurs
Tesmoigne son impuissance,
Présage de ses malheurs.
Mais si la Nature amere
Aux hommes tant seulement,
Nous est éternellement
Trop plus marastre que mère,
Il ne faut pourtant que l’homme
Entre tous les animaux
Seul misérable ,se nomme
Esclave de mille maux.
L’ame en l’univers enclose
Baillant nourriture aux cieux,
A l’onde, à la terre, aux yeux,
Qui esclairent toute chose,
N’est-ce pas Dieu qui embrasse
Les membres de ce grand corps,
Agitant toute la masse
Par amiables discors ?
Geste Ame de la Nature
Forma le dernier de tous
L’Animal, qui est plus doux,
Et plus noble créature :
Afin qu’il fust seul capable,
D’un sens plus divin et haut,
Estant aussi plus coulpable,
Si la raison luy défaut.
La providence divine
Mist en nous ses petits feux