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LXXIV
Si le pinceau pouvoit montrer aux yeulx
Ce que le ciel, les Dieux, et la Nature
Ont peint en vous, plus vivante peinture
Ne virent onq’ de Grece les ayeulx.
Toy donq’ amant, dont l’œil trop curieux
Prent seulement des beautez nouriture,
Fiche ta veue en cete protraiture,
Dont la beauté plairoit aux plus beaux Dieux.
Mais si la vive, et immortelle image
Ne te deplaist, seule qui le dommage
De maladie ou du temps ne doit craindre :
Voy ses ecriz, oy son divin sçavoir,
Qui mieulx au vif l’esprit te fera voir,
Que le visage Appelle n’eust sçeu peindre.
  
LXXV
Nimphes, meslez vos plus vermeilles roses
Parmy les lyz qui sont plus blanchissans,
Et les œillez qui sont plus rougissans,
Parmy les fleurs plus freschement decloses.
De tout cela, et des plus belles choses
Que vous ayez en voz prez verdissans,
Faictes bouquez, et chappeaux florissans,
Or’ que des champs les beautez sont encloses.
Et toy, qui fais du monde le grand tour,
Bien que tu n’ay’s au taureau faict retour,
En mile fleurs et mil’, et mil’ encore
Peins mes ennuiz, et qu’on y puisse lire
Le nom qu’Anjou doit sur tout autre elire,
Pour decorer celle qui le decore.