Page:Du Bellay - L'olive augmentee depuis la premiere edition, 1550.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LXXXIV
Seul, et pensif par la deserte plaine
Resvant au bien qui me faict doloreux,
Les longs baisers des collombs amoureux
Par leur plaisir firent croitre ma peine.
Heureux oiseaux, que vostre vie est pleine
De grand’ doulceur ! ô baisers savoureux !
O moy deux fois, et trois fois malheureux,
Qui n’ay plaisir que d’esperance vaine !
Voyant encor’ sur les bords de mon fleuve
Du sep lascif les longs embrassements,
De mes vieulx maulx je fy’ nouvelle epreuve.
Suis-je donq’ veuf de mes sacrez rameaux ?
O vigne heureuse ! heureux enlacements !
O bord heureux ! ô bien heureux ormeaux !
  
LXXXV
Parmy les fleurs ce faulx Amour tendit
Une ré d’or legerement coulante,
Soubs les rameaux d’une divine Plante,
Où de pié coy ce cruel m’atendit.
Bien me sembla, que quelque voix me dît,
Haste les paz de ta course trop lente :
Quand une main doulcement violente
Serrant la corde à terre m’etendit.
Lors je fu’ pris : et ne me prenoy’ garde
Qu’en mile nœuds lié je me regarde
En la prison d’une beauté celeste.
Là est ma foy, gëolier nuit et jour.
O doulce chartre ! ô bienheureux sejour !
Qui m’a rendu la liberté moleste.
  
LXXXVI
Pres d’un b