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Près d'un boccage, au milieu d’un beau pré,
Où d’un ruisseau la frescheur toujours dure,
Je te feray un autel de verdure
De miles fleurs tout au tour diapré.
Là je pendray en un tableau sacré
A ton sainct nom, une riche peincture,
Où je feray de vers une ceinture,
De mile vers, s’ilz te viennent à gré.
Soupire donq’ de ta plus doulce haleine,
Me decouvrant sur ce col de porphire
Ces laqs dorez coupables de ma peine.
Ainsi, des vens te soit donné l’empire,
Ainsi ta Flore, ô bienheureux Zephire !
Te soit tousjours, et tousjours plus humaine.
  
LXXXVII
Vent doulx souflant, vent des vens souverain,
Qui voletant d’aeles bien empanées
Fais respirer de souëves halenées
Ta doulce Flore au visage serain,
Pren de mes mains ce vase, qui est plein
De mile fleurs avec’ l’Aurore nées,
Et mil’ encor’ à toy seul destinées,
Pour t’en couvrir et le front, et le seing.
Encependant, au thesor de ces rives
Je pilleray ces emeraudes vives,
Ces beaux rubiz, ces perles, et saphirs,
Pour mettre en l’or des tresses vagabondes,
Qui çà et là folastrent en leurs ondes,
Grosses du vent de tes plus doulx soupirs.