en fut une inondation immédiate de mes caves et la détérioration des liqueurs qui y étaient en dépôt.
Je présumai que la vue du dégât adoucirait la mauvaise humeur de l’auteur et amènerait sa bienfaisance à donner les mains à l’ouverture d’une nouvelle rigole ; je l’invitai donc, à la première rencontre, de venir en être de ses yeux le témoin. Ma présomption faisait honneur à son cœur ; mais elle ne me valut qu’une déclaration en bonne forme, de sa part, du plaisir délicat qu’il goûtait en apprenant de ma propre bouche qu’il était vengé de sa chute : je frappai inutilement à bien des portes avant d’être réinstallé dans ce droit que la nature donnait de sauver mes biens du naufrage : il me fallut réclamer enfin l’autorité du commandant en chef des forces de Sa Majesté dans la province, le colonel Johns ; et avant même qu’elle décida en ma faveur, j’essuyai un nouvel acte de provocation et de violence de la part des troupes en garnison à Montréal.
Un détachement d’un quarantaine de soldats, tambours battants et fifres résonnants, allait, selon l’étiquette, relever la garde : au lieu de diriger leur marche par la route ordinaire de la rue, ils escaladèrent en conquérant ma galerie, paradant avec fracas le long de ma balustrade et brisant en passant quelques vitres et les contrevents. Une si brusque