Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/119

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pour juges à Montréal ; je crois fermement que vous serez obligé de prendre le parti de vous arranger, et de terminer vos affaires de commerce à Montréal à cause de l’inimitié de Messieurs Fraser et de Rouville. » Quelle douloureuse situation pour un honnête homme de voir son innocence, son honneur, sa fortune et sa vie même livrés, sans ressource, à la merci de la rage de ses ennemis travestis en juges, c’est-à-dire ceux qui, de délégation de la part de l’autorité publique, devraient être en personne les défenseurs et les protecteurs de mon innocence, de mon honneur, de ma fortune et de ma vie ? Quel encouragement à la passion, de me déclarer la guerre et m’accabler ? Dans ces jours malheureux de la perversité humaine, la malice des hommes avait-elle besoin d’une telle invitation pour se mettre en action contre moi ? Je laisse au jugement du public à pénétrer jusqu’à quels excès elle a dû se porter contre ma personne ; et au cœur de tout honnête homme à faire l’honneur à l’humanité de les déplorer.

En proie à de si violentes oppressions, je ne pus me refuser à la consolation naturelle de soulager mon cœur en portant mes plaintes au tribunal de mes persécuteurs mêmes, dans une lettre adressée aux juges des plaidoyers communs de Montréal, que je fis insérer dans la gazette de cette ville : cette lettre n’énonçait que les accents douloureux de la souffrance, sur un ton, il est