Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/118

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qu’en second, sous la tutelle et la dictée de ce favori : je devais à la justice de ma cause le portrait achevé de tous ces juges ; ma narration ne sera plus suspendue par des digressions de cette nature, que la nécessité seule a pu arracher à mon pinceau.

Voilà donc le trio redoutable qu’une querelle injuste dans tous ses points avait mis à mes trousses. Ils tiennent dans les mains les rênes de toute la judicature de la province ; j’aurais eu bonne grâce de déférer les attentats déjà mentionnés à des tribunaux où les juges constituaient formellement ma partie adverse. Hélas ! dans les causes civiles, où je n’avais à lutter en judicature que contre des individus étrangers, l’évidence la plus frappante des plus beaux droits ne me garantit jamais d’une défaite ; et un procès intenté contre moi était l’avant-coureur invariable d’une sentence de condamnation, prévarication, dégradation de la justice, que mon avocat, M. Jenkins Williams, homme à quelques talents, élevé depuis aux premiers emplois, déplorait amèrement dans une de ses lettres, où il m’avisait ingénument, de renoncer pour jamais à me réclamer de la protection des lois civiles, sous une telle administration.

Voici l’extrait de sa lettre, publiée dans mon mémoire : « Je vous plains de plus en plus ; car je vois toujours placés M. Fraser et M. de Rouville, (qui sont tous deux vos ennemis)