Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/147

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personne, ou par procureur, pour y rendre compte de sa tyrannique administration. Dans ces occasions d’éclat, la sage politique de la Cour de Versailles ne favorise jamais ces despotes délégués, que trop enclins à mésuser de leurs pouvoirs ; et elle croirait imprimer une tache ineffaçable à la gloire de sa justice, que de ne pas donner les mains à une sommation faite au nom de la félicité d’un corps du peuple, attaquée dans le lointain et gémissante sous les coups actuels de la tyrannie[1].

Par le bill de Québec, l’Angleterre est engagée, de constitution, à nous reproduire, dans la province, l’image tout-à-fait ressemblante de la jurisprudence de France. Où est donc ce tribunal, représentatif du parlement de Paris, sauvegarde d’office et surveillant général du bonheur des Canadiens, préposé pour tenir en réserve les dernières foudres judicielles en leur faveur, contre le pouvoir exécutif, qui s’aviserait de vouloir établir chez eux le règne des brigandages arbitraires du despotisme ? Eh, quoi ! le bill de Québec ne nous aurait-il donc transmis qu’une judicature française, tronquée, mutilée et dépouillée de la seule ressource qui peut la mettre dans toute sa vigueur, et assurer sa fidèle exertion dans une colonie ? c’est-à-

  1. L’exemple de M. Lally et d’une foule d’autres généraux et gouverneurs jugés au parlement de Paris fait foi de la vérité de ces assertions.
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