Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/236

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le Canada voie couler dans son sein avec plus d’abondance le torrent des richesses, et grossir, par cet accroissement de la circulation de l’or, les fortunes de ses enfants, c’est dans l’Angleterre, notre métropole nationale, que nous viendrions chercher six gentilshommes de fortune et de vertu patriotique, qui pussent et voulussent nous faire l’honneur de nous représenter en parlement, c’est-à-dire de s’y charger de nos intérêts et de nous y préparer, par leur protection, une illustre défense contre le despotisme, qui, à douze cents lieues des yeux du souverain et du sénat, pourrait s’aviser de nous déclarer la guerre et de nous frapper des coups de la violence et de la cruauté.

Cette préparation de défense, en notre faveur, suffirait seule d’avance pour en étouffer dans le principe l’occasion et la nécessité. Un gouverneur, qui saurait que nous comptons à Londres des représentants au sénat pour y défendre nos droits, ne serait guères tenté de les attaquer, c’est-à-dire de lutter contre plus forts que lui. Au reste, les élections en Angleterre n’y coûtent rien aux parties intéressées ; le fameux bill de M. Grenville y a décidé, pour l’éternité, de la générosité, du désintéressement, de la noblesse du sentiment, de la vertu, en un mot, des électeurs et des candidats. Ceux-ci rougiraient de ne devoir pas à leur mérite, et à eux-mêmes exclusivement à tout, leur élection ; aussi n’ont-ils garde de corrompre et d’acheter les suffrages,