Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/249

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bravoure de ses enfants, à se défendre ; au moins puis-je assurer d’avance, que s’il tombait, il ne tomberait qu’avec honneur. Ce régiment ne devrait être commandé, (j’entends dans les places subalternes) que par des officiers canadiens : d’abord, ce serait là une entrée ouverte à tant de braves Canadiens, dont les services et les exploits restent aujourd’hui sans aucune récompense de la gratitude publique de la nation, que la générosité a toujours distingué dans tous les temps. Je la fais elle-même juge du trait suivant. Au commencement des derniers troubles, la renommée vint tout à coup à publier, que le général américain détachait un corps de 200 hommes pour voler au secours de Fort de cèdres, attaqué par nos milices. Nos officiers qui étaient à portée, ne se trouvaient alors sous la main que de 30 Canadiens : ils ramassent à la hâte 60 sauvages ; et, malgré une inégalité si marquée, ils volent à la rencontre de l’ennemi, ils attaquent, le renversent, et le défont au premier choc : et avec 80 hommes victorieux, qui leur restaient, ils font 180 soldats prisonniers, le commandant à leur tête ; et à cette victoire le Fort des cèdres tomba. C’est la plus brillante action qui ait illustré les armes du roi, dans ces contrées ; mais elle coûta cher à un de nos braves gentilshommes canadiens, (M. de Montigny, l’aîné) qui de sa main avait fait prisonnier un des principaux officiers ennemis : au départ des Américains il la paya de ses terres ravagées, sa maison, et