ferme réduites en cendres, et de sa fortune entièrement ruinée. Ces pertes exposées modestement à la justice du gouvernement, le bureau de la trésorie répond, que c’est là la fortune de la guerre, qui s’est déployée à ravages identiques, dans les îles anglaises de l’Amérique, qu’il serait de justice égale, c’est-à-dire d’impuissance nationale d’indemniser.
Le cas n’est ni similaire dans les circonstances, ni analogue dans les suites. À l’invasion de la colonie, une proclamation américaine avait garanti leurs possessions, aux Canadiens, qui vivaient tranquillement sur leurs foyers domestiques, sans entrer d’abord dans la querelle nationale ; ils y jouissaient en paix de leurs héritages ; ce fut une proclamation royale qui, au nom de la munificence du maître, vint les arracher de cette neutralité. Est-il d’abord de la gloire du souverain, que des sujets soient les dupes et les victimes des paroles qu’il a données par l’organe de son représentant ? Il ne faudra donc plus les respecter et leur obéir : l’affirmative ne serait pas de politique, qui veille au salut d’un État. Les conséquences en seraient ici terribles ; à la première irruption, les Canadiens seraient donc forcés de s’ensevelir dans l’inaction de la neutralité. Iraient-ils affronter les ravages de la guerre, en faveur d’un État qui leur aurait déclaré d’avance qu’il n’y a plus pour eux de réparation et de compensation à attendre de lui ?