Je prie la trésorie de faire grâce ici à cette légère discussion : si j’aimais moins l’Angleterre, et la conservation de sa colonie, je me serais tu sur une affaire où rien ne peut m’intéresser, que mon patriotisme et ma fidélité à mon souverain ; car ce n’est point ma cause que je plaide ici : la carrière militaire était en effet celle qu’avaient cour mes ancêtres : des circonstances spéciales et des goûts personnels ont décidé de ma personne ailleurs ; mais le salut de la colonie, et notre existence nationale dépendent de l’exertion de ces militaires : je gémirais pour l’Angleterre encore plus que pour moi, que cette exertion de ces braves vînt à être nécessairement énervée par l’ingratitude publique.
Au reste, le régiment ne serait point composé de soldats canadiens ; ils se refuseraient tous de s’y enrôler ; et leur admission même volontaire ne serait point acceptable, pour les progrès de la colonie, qui a besoin des mains de ses enfants pour les travaux habituels de la cultivation. Ce régiment donc ne consisterait que d’étrangers, à qui, pour le bien général, l’entrée de la province devrait être librement ouverte, en vertu d’une proclamation parlementaire. C’est exactement le système d’aujourd’hui, de toutes les colonies américaines, qui ne se pourvoient que de troupes étrangères. L’administration n’y est plus à douze cents lieues d’elles ; elle réside dans leur centre même : la vue des objets présents