Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/267

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salaires de la province ; c’est par là qu’elle s’est guindée de force, sur le pinacle de la

    « qui y son violées et foulées aux pieds par un étranger, sans aucun ménagement ni respect quelconque. O Ciel ! où set donc cette fameuse loi d’Habeas Corpus, tant prêchée, qu’on fait sonner si haut en Angleterre, même jusque chez les nations étrangères ? Enfin, milord, voici ce que j’ai entendu dire moi-même en août dernier, sortant de la bouche de deux braves loyalistes arrivés à Montréal, venants de New-York. Voici leur propre discours : “ Nous venons nous réfugier dans cette province, après avoir sacrifié nos biens, exposé nos familles aux calamités du temps, ainsi que nos vies pour le service du roi. Mais, My God ! si la province continue d’être gouvernée avec le même despotisme, qu’elle l’est actuellement, nous la quitterons, et nous irons implorer le secours de nos concitoyens et de nos frères que nous avons abandonnés par notre loyale affection pour Sa Majesté.“ Voilà, milord, comme raisonnent presque tous les Loyalistes, ainsi que toutes les personnes sensées du Canada, qui ne veulent point être avilies à la condition de l’esclavage, j’ose le dire, pire que celui des nègres. — Oui : ils pensent ainsi plus fort à présent que jamais. — J’arrête là : mais, milord, pensez au futur. — Si l’on y recueillait les voix, elles seraient unanimes ; on y verrait, sans aucun détour ni déguisement, la vérité du fait dont il s’agit. — Comme je m’intéresse, quoi qu’il en soit, au bonheur de la province et à la prospérité du gouvernement, je désire sincèrement que les secrétaires d’État se dessillent les yeux, et qu’ils ne restent pas plus longtemps dans la léthargie qui a plongé la province dans la situation où elle est présentement par la mauvaise conduite de celui à qui elle a été confiée. J’espère, milord, que par vos efforts les plus actifs vous contribuerez à faire opérer un changement immédiat et avantageux, tant pour le bien-être de ses habitants que pour les intérêts de l’État. J’ose espérer, que par votre application au service de Sa Majesté, on y apportera le remède le plus efficace. C’est le désir et le souhait du zèle sincère de

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