Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/60

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faveur de ses plaintes, des châtiments légaux à sa personne ; mais moi, milord, on a commencé à décharger sur ma tête, toutes les vengeances, tous les anathèmes, que les lois violées et en courroux peuvent fulminer contre les plus coupables scélérats ; et on a ouvert la scène de ma persécution, par un préliminaire si tragique, sans consulter même les lois, qui seules pouvaient l’autoriser ; premier renversement de l’ordre de la justice ; lassé de me persécuter, et de me tourmenter, on a mis fin à mes peines, mais sans s’embarrasser, en les finissant, du soin de les justifier, en soumettant la criminalité à l’arbitrage des lois : destruction totale de toute justice, qui annonce la tyrannie la plus décidée, et la plus complète ; si un despotisme si arbitraire, et si déchaîné, ne trouvait pas ici des vengeurs, c’est-à-dire que Londres approuverait la tyrannie de Québec, c’est-à-dire que notre infortunée colonie serait dévouée à n’éprouver de partout, que des tyrans ; prospect effrayant, qui ne pourrait manquer de jeter la terreur dans tous les esprits, et rompre peut-être à jamais entre le souverain et les peuples, ces liens de confiance et de sentiments, qui sont seuls l’âme de la paix et de la félicité générale. Mais, non, milord, le cœur de notre souverain n’est pas fait pour le changement : il est tel aujourd’hui, en 1784, qu’il était en 1762, c’est-à-dire, celui du meilleur, de plus juste des princes ; il ne peut manquer de se produire en ma