Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/59

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dernier ; au nom donc de mon souverain, si non à celui de mes infortunes, je demande à grands cris un ordre émané au trône pour le soumettre à être jugé en personne à Québec, qui a été le théâtre de ses fureurs. Les intérêts de ma cause seraient en sûreté si notre illustre magistrat en chef M. Livius (trop longtemps éloigné, par la cabale et l’oppression, de l’exercice de sa dignité) pouvait être mon juge ; mais au moins que le procès s’ouvre par une enquête juridique des procédés de part et d’autre, et qu’elle ne soit confiée qu’à des commissaires impartiaux et choisis, sur les dépositions de qui les jurés prononceront avec pleine connaissance de cause ; car ce serait insulter les lois, et affronter la justice, que mon oppresseur me jugeât lui-même, par les suppôts qu’il aurait placés de sa main sur les tribunaux de judicature, pour se venger lui-même par procuration et par substituts, et non pas les lois : voilà, milord, aujourd’hui,hui toute l’étendue de mes demandes ; je ne veux, ni grâces, ni faveurs, ni places, ni pensions ; la justice des lois seule me suffit. À la simple réquisition d’un de nos concitoyens encore vivant, le général Murray, il y a 22 ans, fut jugé en personne à Québec même, par l’ordre exprès de Sa Majesté, qui crut devoir à la confiance de ses nouveaux sujets, cet acte, vraiment royal, de son impartiale équité.

Quelle différence, cependant, de circonstances ! Le plaintif n’alléguait point, en