Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/94

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me suis fait un devoir de souscrire à toute entreprise dans la sphère de l’utilité publique. Le père de famille à la gêne, l’époux en détresse, n’ont jamais fait retentir en vain à mes oreilles les accents de leurs infortunes ; le cœur intéressé et gagné ne les a jamais renvoyés les mains vides de chez moi. Une bienveillance si générale n’a pas, il est vrai, toujours été en ma faveur la mère de la reconnaissance ; mais l’ingratitude d’autrui n’a jamais autorisé et n’autorisera jamais chez moi l’étrécissement de l’humanité et de la générosité. J’ai été dupe avec de tels principes ; je le serai sans doute encore : eh bien ! si la gloire de l’esprit souffre de cette espèce d’inconduite, à l’exemple de Madame la marquise de Lambert, dans son Traité sur l’amitié, je m’en console sur la bonté du cœur qui en est l’âme. Pardonnez, chers Concitoyens, l’exposition de ces sentiments : ce n’est point ici un vain étalage de pompe et d’ostentation ; l’abîme d’humiliation et d’affliction où m’a plongé l’injustice de mes ennemis, laisse bien peu de ressource et de ressort à la vanité ; mais au moins, me dois-je à moi-même d’apprendre à l’Angleterre, pour qui j’écris, les monuments personnels et domestiques, en vertu de qui je méritois un meilleur sort.

Car il n’est que trop vrai que les vertus les plus aimables, les plus justes de la société, ont, dans leurs effets, changé de nature vis-à-vis de moi. Ce sont deux procès gagnés