Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/95

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par l’évidence de la justice même qui m’ont valu d’abord le ressentiment du juge et ensuite la persécution des militaires, l’inimitié de toute la judicature et enfin le déchaînement du despotisme d’un gouverneur ambitieux et bien cruel dans son ambition. L’enchaînement et la gradation inattendue de ces infortunes est ici un point digne d’observation et d’inspection pour tout philosophe qui étudie la science de connaître les hommes. Ne vous hâtez point de passer condamnation sur le détail qui va suivre ; les plus puissantes raisons en justifieront la sagesse et la nécessité dans le contexte.

En 1770, une sentence juridique avait condamné M. Moïse Hazen à me rembourser de la somme d’environ 50 l. st., dont il était, suivant des titres bien constatés, mon redevable. La main-levée de cette dette active dépendait, pour moi, d’une exécution sur les effets de mon débiteur : je l’obtins ; mais le shérif le refusa constamment à la mettre en valeur. Le juge insultant lui-même la sentence, en en abrogeant les conséquences, autorisa la résistance du shérif, tandis que la prédilection, peu d’accord avec les lois, approuva l’exécution en faveur d’un créancier subséquent sur qui j’étais en droit de l’emporter de préférence à titre de priorité de jugement. La justice, son bandeau sur les yeux, ne distingue point les personnes ; une acception si partiale était donc à son