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LA MAISON DE JUSTICE.

il saisit Mme Gelly, sa fille âgée de neuf ans, et les incarcère lui-même dans la prison, où elles restent détenues jusqu’au 25 mai.

Méphisto et la Brunière de Médicis poursuivaient une idée fixe en venant s’installer à Saint-Lazare. Ils savaient que la maison de retraite des sœurs de la congrégation de Marie-Joseph est située à Argenteuil, et tous deux s’étaient mis en tête de découvrir le souterrain qui va de la vieille maison de Saint-Vincent-de-Paul à Argenteuil[1]. Deux bras de la Seine et huit kilomètres à vol d’oiseau ne leur inspiraient aucun doute sur la réalité de cette billevesée. Il est probable cependant que Méphisto s’associait à la Brunière, dans cette recherche extravagante, pour mieux capter sa confiance et continuer ses excursions sans éveiller de soupçons. Du reste, il est possible que tous deux aient été atteints par l’épidémie qui régna pendant la Commune, et que l’on pourrait appeler la monomanie du souterrain.

On chercha le souterrain qui du séminaire de Saint-Sulpice aboutissait au château de Versailles ; le 24 mai, lorsque le garçon boucher colonel des gardes de Bergeret, Victor-Antoine Bénot, fut sur le point de mettre le feu aux Tuileries, il s’enquit de savoir où s’ouvrait le souterrain qui reliait le palais à Saint-Germain-l’Auxerrois. Courbet, que sa fréquentation avec quelques gens d’esprit aurait dû empêcher de croire à de tels enfantillages, exigea qu’on lui livrât la clef du souterrain qui faisait communiquer les Tuileries à

  1. On avait aussi cherché des armes à Saint-Lazare ; cela ressort de la lettre suivante : « Citoyen Duval, comme depuis huit jours je ne travaille qu’à des recherches de mitrailleuses, etc., et que je suis depuis ce matin à la prison Saint-Lazare et que je n’ai plus un sou, je vous prie de me faire donner quelque chose. Salut et fraternité. — Signature illisible, ex-commandant du 177e bataillon. Je prie Replan (caissier à la Préfecture de police) de donner 20 francs au porteur. — Général E. Duval. »