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LE GÉNÉRAL CHANZY.

tint compte de la recommandation ; tout le personnel resta dans la prison et, grâce à cela, nul otage n’y fut sacrifié[1].

Caullet avait été ouvrier mécanicien, homme de peine et portier dans la maison Cail ; c’est sans doute cette dernière qualité qui avait fait imaginer qu’il possédait les aptitudes d’un directeur de prison. C’était un homme sans perversité, se laissant volontiers dominer, ne comprenant rien à la paperasserie administrative, et qui, bien dirigé, adoucit, autant qu’il fut en son pouvoir, le sort des otages qu’il eut à garder. Il éprouvait une sorte de timidité en face de ses greffiers : il leur sentait une instruction qu’il n’avait pas ; malgré lui il les respectait, les écoutait, et finissait presque toujours par suivre les conseils qu’il en recevait. Son caractère faible, l’intelligence des greffiers, le dévouement des surveillants ont singulièrement contribué à éviter les désastres de la dernière heure.

Cependant les amis du général Chanzy renouvelaient leurs démarches, car ils savaient que les élections pour la Commune étaient prochaines, et redoutaient de se trouver en présence d’un nouveau gouvernement qui s’annonçait comme devant être ultrarévolutionnaire et terroriste. Le général Chanzy reçut plusieurs fois la visite du vieux Beslay, qui lui recommandait d’avoir bon courage ; il n’en était pas besoin, le général Chanzy

  1. Je lis dans un rapport écrit vers la fin de mai 1871, par M. Lefébure : « Mon personnel qui, en partie, était disposé à me suivre lorsque j’ai quitté la Santé, mais qui est resté parce que j’ai exprimé l’avis que son maintien pouvait être utile, s’est admirablement conduit pendant tout le temps qu’a duré le règne de la Commune. » Parmi les employés qui se sont le plus distingués, M. Lefébure cite, après les trois greffiers, le brigadier Adam, le sous-brigadier Luzeau, les surveillants Laberrère, Finck, Croccichia, Santoni, Danielli, Baudon et Caretta. Il n’est que juste que le nom de ces braves gens soit prononcé devant le public.