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MAZAS.

l’écoutait, l’approuvait et répétait comme lui : « Non, on ne doit pas les tuer ! » Il fut alors décidé que les gardes de Paris, placés au milieu des fédérés, seraient conduits en deux détachements, sur la route de Vincennes. Cette convention fut loyalement observée ; trois des gardes s’étaient évadés à la faveur de costumes prêtés par le brigadier Brémant ; les soixante hommes, qui avaient été internés à la quatrième division, sortirent, furent escortés jusqu’au delà de la barrière et se rendirent à Versailles. Il est heureux pour eux que Ferré ou Raoul Rigault n’ait point passé par là au moment où ils quittaient la prison.

Le 21 mars, le directeur fut révoqué sur l’ordre de Rigault et remplacé par Mouton, dont nous avons déjà dit quelques mots en parlant de Saint-Lazare ; le greffier, le brigadier, qui avaient contribué au salut des gardes de Paris, furent destitués. On peut dire que la maison resta sans direction, car Mouton était aussi incapable que doux ; chacun continua son service, et la discipline intérieure fut assez bien maintenue malgré quatre surveillants, oublieux de leur devoir, qui obtinrent une audience du directeur, firent preuve de zèle trop radical, et tentèrent de substituer leur autorité à la sienne. Mouton n’était point heureux, il gémissait de son sort et se croyait déclassé. Il ne regrettait pas son échoppe de cordonnier, il rêvait des destinées plus hautes et disait : « Ça m’ennuie d’être directeur, mais on se doit à son pays ; c’est un sacrifice que je fais. J’attends une position dans l’armée, ça m’irait mieux. » Il n’en faut pas rire. Mouton avait eu une idée militaire redoutable ; s’il eût été compris, le gouvernement réfugié à Versailles était perdu et la France peut-être avec lui.

On se rappelle que, le 26 février, après l’assassinat de Vincenzini, le 21e et le 23e bataillon de chasseurs