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MAZAS.

à pied, parmi lesquels s'étaient trouvés plus d'un assassin, avaient été envoyés au Mont-Valérien, et l’on n’a pas oublié que, le 18 mars, M. Thiers avait attiré à lui, par ordre verbal et par ordre écrit, la brigade Daudel, dont un régiment faisait le service du fort. En réalité, le Mont-Valérien fut abandonné depuis la soirée du 18 mars jusqu’au 20, à dix heures du matin. Pendant près de quarante heures, il fut à la merci du premier occupant, et celui qui s’en fût emparé aurait eu bien des chances de rester maître du pays. À qui allait-il appartenir, au gouvernement légal ou à l’insurrection ? Si celle-ci n’y entra pas le 19 mars, tambour battant, ce ne fut pas la faute de Mouton.

Le 19 mars, dans la matinée, il se délivre à lui-même l’ordre suivant : « La commission du xiiie arrondissement m’a délégué près du Comité central pour avoir l’autorisation d’aller occuper le fort du Mont-Valérien, pour délivrer le 21e et le 23e bataillon de chasseurs à pied qui y sont prisonniers. Le délégué du xiiie arrondissement, Mouton, capitaine au 101e bataillon. » Ce petit homme chauve, au crâne pointu, avait vu juste. Il porta son ordre au Comité central, qui, au lieu de l’approuver, le renvoya au général Duval. Celui-ci ne comprit rien à la nécessité d’agir avec rapidité ; mais l’opération lui parut glorieuse, il se la réserva, — on sait ce qu’il en advint le 3 avril, — et, pour offrir quelque compensation à Mouton, il lui confia une mission insignifiante : « Ordre au capîtaine Mouton, du 101e, de requérir toutes les compagnies disponibles du xiiie arrondissement pour aller occuper la prison de Sainte-Pélagie, et faire élargir dans le plus bref délai tous les prisonniers politiques ou délits de presse. — Pour E. Duval, le délégué : Cayol. » — Mouton se soumit, et le Mont-Valérien fut réoccupé en temps opportun par les troupes françaises, grâce à