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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/28

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trée des Allemands à Nancy ; on se rappelle l’affaire de la Villette : Blanqui avait imaginé le complot, Granger avait fourni les fonds, et Eudes, — le futur général Eudes, — avait mené sa bande à l’assassinat de quelques pompiers. Ce fait avait paru odieux ; le 31 octobre ne le fut pas moins. La population du reste n’y prit aucune part ; ce fut un essai de révolution de palais, à la mode turque ou byzantine.

Le dénoûment en fut ridicule. M. Ernest Picard s’esquiva spirituellement, alla chercher la garde et fit arrêter les énergumènes qui se promenaient sur les tables sans parvenir à émettre une idée, par la bonne raison qu’ils n’en avaient pas. M. le géneral Ducrot a dit à l’Assemblée nationale, dans la séance du 28 février 1871 : « Je ne perdrai jamais le souvenir des diversions horribles que les hommes de désordre sont venus apporter à la défense nationale, et je me sens bondir le cœur d’indignation à la pensée qu’au 31 octobre il m’a fallu quitter les Prussiens pour venir à l’Hotel de Ville, et, chose misérable à noter, pas un des chefs de ce parti, si disposés à l’insulte et à l’étalage du patriotisme, ne s’est exposé devant l’ennemi. » À la suite de cette échauffourée, les hommes du gouvernement de la Défense nationale, qui, sans exception, avaient combattu le dernier plébiscite de l’empire, firent appel à la population parisienne et en obtinrent un vote de confiance, en vertu duquel ils conservèrent le pouvoir. Ceci prouve que dans la vie politique on est parfois contraint de recourir aux mesures que l’on avait condamnées, à moins que l’on n’ait du génie ; mais le génie est une maladie rare, et jusqu’à présent peu contagieuse.

La majorité considérable et sincère qui s’était décidée à soutenir le gouvernement et à lui donner le droit, au lieu du fait en raison duquel il avait existé