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Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/106

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pidement ne pouvaient transmettre que des nouvelles d’événements prévus ; c’était déjà beaucoup, mais le résultat à chercher était de pouvoir entretenir une véritable conversation malgré la distance, c’est-à-dire de donner des ordres, d’apprendre des faits inattendus et d’être renseigné sur des circonstances que le hasard seul avait fait naître. Le moyen âge et la Renaissance ont usé des procédés déjà connus des anciens, et rien ne fait supposer qu’à ces deux époques on en ait cherché de nouveaux. Cependant Cornélius Agrippa fit quelques travaux pour retrouver le secret de Pythagore qui, pendant son voyage en Égypte, correspondait avec ses amis à l’aide de caractères tracés sur la lune. On ne dit pas que ses recherches aient été couronnées de succès.

Le premier essai de télégraphie sérieuse et pouvant s’appliquer aux diverses combinaisons de l’écriture paraît être dû à Robert Hooke. On sait que cet irascible bossu était une sorte d’homme universel ; il inventait des systèmes d’horlogerie, démontrait le mouvement de la terre, étudiait les étoiles et faisait des projets d’améliorations pour les villes populeuses, il se mit en tête de découvrir un moyen de correspondre de loin par signaux, et fit le plan d’une machine fort compliquée en forme de châssis, où des planches noires, manœuvrées selon une certaine formule, représentaient les lettres de l’alphabet. Le moyen n’était pas nouveau, il était renouvelé des Romains ; Polybe indique en effet un système de torches qui, cachées ou rendues visibles, figuraient un alphabet complet. La lenteur et les difficultés inhérentes au procédé de Robert Hooke le firent promptement abandonner. On le prit néanmoins pendant quelque temps en sérieuse considération, et en 1684 l’auteur lut à la Société royale de Londres un rapport sur la distance qui devait séparer les stations télégraphiques les unes des autres.