Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/116

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ii. — le télégraphe aérien.

État de la France. — De Paris à Lille. — Construction des machines. — Télégraphe au Louvre. — 13 fructidor an II. — Prise de Condé. — Échange de dépêches. — Brumaire. — Fil de laiton. — Hôtel Villeroy. — Suicide de Chappe. — Le télégraphe et l’émeute. — 1830. — Rue de Grenelle. — Insurgés facétieux. — Télégraphes secrets. — Préposés infidèles. — Affaire des frères Blanc. — Acquittement. — Législation modifiée. — Apparition du télégraphe électrique. — Le télégraphe aérien en Crimée.


Claude Chappe, lieutenant de génie aux appointements de cinq livres dix sous en assignats par jour, se mit à l’œuvre avec une ardeur indomptable. Dans une administration qui n’avait aucun précédent tout était à créer : les instruments, les ouvriers, le personnel. L’époque était singulièrement douloureuse et difficile. La France envahie par les étrangers voyait son papier-monnaie perdre 50 pour 100 de sa valeur nominale, les campagnes étaient dépeuplées, tout ce qui existait de valide était poussé vers la frontière, les hommes de main-d’œuvre étaient introuvables et la plupart des matériaux manquaient. De tels obstacles ne firent reculer personne. Le Comité de salut public rendit le 4 août 1795 un arrêté qui ordonnait d’urgence la construction de deux lignes télégraphiques, l’une de Paris à Lille, l’autre de Paris à Landau. Comme on le voit, on pensa d’abord à la guerre ; Carnot prit l’affaire en main, car il comprit tout de suite qu’on lui offrait un nouveau moyen d’organiser la victoire.

On peut dire que pour cette première installation les frères Chappe ont tout fait. On mit à leur disposition une somme de 166 240 livres prise sur les 50 millions que le ministère de la guerre devait consacrer à la défense du pays ; mais en tenant compte de la déperdition régulière des assignats, on reconnaîtra qu’ils n’eurent, pour leurs premiers travaux, qu’une somme de 80 000