Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/118

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tous les signes, savoir par quelle manœuvre particulière on les obtient, et arriver par l’étude et l’usage à cette habileté qui permet d’éviter les erreurs. Dès qu’il avait terminé l’éducation d’un stationnaire, il commençait celle d’un autre ; ce travail de Pénélope ne lui laissait ni repos ni trêve. Malgré les difficultés, la construction de la ligne avançait. En mars 1794 (ventôse an II), elle était presque terminée ; en prairial, on éleva sur le Louvre même un télégraphe qui, correspondant avec le poste de Montmartre, était visible pour Chappe, dont les bureaux étaient établis sur le quai Voltaire, au coin de la rue du Bac, dans la maison qu’il habitait. La dernière station était sur la tour Sainte-Catherine à Lille ; les deux extrémités étaient sur le point de communiquer entre elles, et le télégraphe allait bientôt faire parler de lui.

Le 13 fructidor an II[1], au milieu d’une séance de la Convention, où Lecointre, Vadier, Tallien, Bourbon de l’Oise, ne se ménagèrent pas les épithètes, pendant que Merlin de Thionville présidait, Carnot parut à la tribune : « Voici, dit-il, le rapport du télégraphe qui nous arrive à l’instant : Condé est restitué à la république ; reddition avoir eu lieu ce matin à six heures. » L’Assemblée se lève, applaudit et crie : « Vive la République ! » — Gossuin : « Depuis trois jours, on nous occupe de calomnies atroces, et de diatribes dont, j’espère, il sera fait justice aujourd’hui. Condé est rendu à la république ; changeons le nom qu’il portait en celui de Nord-Libre. »

  1. La date de cette séance semblerait très-difficile à déterminer, si l’on n’avait pour repère certain les procès-verbaux de la Convention : M. E. Gerspach (Histoire administrative de la Télégraphie en France) la fixe au 15 fructidor an II ; M. Block (Dictionnaire de la politique) au 30 thermidor ; M. Le Verrier (Rapport du 23 janvier 1850) au 20 novembre 1794, c’est-à-dire au 3 brumaire ; la réimpression du Moniteur, par suite d’une erreur typographique, au 3 fructidor ; enfin, M. Ferdinand Barrot va plus loin en disant (Rapport du 1er mars 1850) que la télégraphie a été inventée en 1795.