Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/134

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principes fondamentaux. En effet, ce fut Volta qui, empilant l’un sur l’autre des disques de zinc et de cuivre séparés par une rondelle de drap mouillé, inventa un instrument qui peut produire l’électricité d’une façon continue[1] ; ce fut Œrsted qui découvrit qu’un fil chargé d’électricité fait dévier l’aiguille aimantée ; Ampère a indiqué les lois de la marche des courants électriques et leur action générale ; enfin, Arago, en prouvant qu’un fil électrisé roulé autour d’un fer doux aimante instantanément ce dernier, a permis la création de l’électro-aimant.

Ces quatre lois étant connues, il devenait facile de construire un télégraphe mû par l’électricité. Dés 1820, Ampère écrivait : « On pourrait, au moyen d’autant de fils conducteurs et d’aiguilles aimantées qu’il y a de lettres, établir à l’aide d’une pile placée loin de ces aiguilles, et qu’on ferait communiquer alternativement par les deux extrémités à celles de chaque conducteur,

  1. M. Cantù a publié récemment en Italie une lettre qui prouve que Volta avait, dès le principe, aperçu les conséquences de sa découverte. Cette lettre, datée du 15 avril 1777 et adressée au professeur Barletti, est ainsi conçue : « Combien de belles idées d’expériences surprenantes qui s’agitent dans mon cerveau, et basées sur cet artifice d’envoyer l’étincelle électrique faire partir le pistolet, à quelque distance que ce soit et dans toutes les directions et situations ! Au lieu du colombino qui va mettre le feu aux feux d’artifice, j’y enverrai, d’un endroit quelconque, qui ne serait même pas en ligne directe, l’étincelle électrique qui y mettra le feu au moyen du pistolet. Écoutez. Je ne sais à combien de milles un fil de fer tendu sur le sol des champs ou de la route, replié en arrière ou traversant un canal d’eau, conduirait l’étincelle suivant le parcours indiqué : mais je prévois que, dans un très-long voyage sur la terre humide ou à travers les eaux courantes, il s’établirait bientôt une communication qui dévierait le cours du feu électrique séparé du crochet de la bouteille pour retourner au fond. Mais si le fil de fer était soutenu à une certaine élévation au-dessus du sol par des poteaux en bois plantés de distance en distance, par exemple de Côme à Milan, et interrompu seulement dans ce dernier lieu par mon pistolet, qu’il continuât et vint enfin plonger dans un canal de navigation (naviglio) qui communique avec mon lac de Côme, je ne crois pas impossible de faire partir mon pistolet à Milan avec une bonne bouteille de Leyde chargée par moi à Côme.

    « Votre affectionné ami, A. Volta. »