Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/14

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numents essentiels de Paris paraissent avoir été groupés là intentionnellement comme pour affirmer, au premier coup d’œil, la splendeur de la vieille cité que traverse la Seine. Il suffit de se tourner aux différents points de l’horizon pour les voir et reconnaître en eux les témoins de notre histoire communale, qui si souvent a été l’histoire de la France même. Tout au fond, Notre-Dame, qui consacre notre berceau ; à ses côtés, l’Hôtel-Dieu, qu’on est bien lent à terminer ; plus près le Palais de Justice et la Conciergerie, qui, avec la Préfecture de police, forment une redoutable trinité. Sur la rive droite, la grande citadelle des jours populaires, où des rois ont été chercher leur investiture, et dont la possession donne la victoire pendant les heures du combat, l’Hôtel de Ville dresse son campanile rajeuni ; le Louvre abritant autant de soldats que d’objets d’art et relié aux Tuileries[1], représente la forteresse centrale du Paris stratégique actuel ; puis à travers les arbres des Champs-Élysées, une vaste toiture vitrée offrant l’apparence d’une mer tranquille couvre un prétendu Palais de l’Industrie qui n’a jamais pu remplir l’objet auquel on l’avait dérisoirement destiné. Sur la rive gauche, le triste Marché aux Volailles, abandonné aujourd’hui, a remplacé la chapelle du couvent des Grands-Augustins ; l’hôtel Conti, la Tour de Nesle ont disparu devant l’hôtel des Monnaies et devant le collège des Quatre-Nations, qui est devenu le palais de l’Institut, où l’Académie française peut dire encore, comme au temps de Fontanelle :

Quand nous sommes quarante, on se moque de nous ;
Sommes-nous trente-neuf, on est à nos genoux.

  1. La Commune a modifié ce tableau : le Palais de Justice, la Conciergerie, la Préfecture de police, l’Hôtel de Ville, une partie du Louvre, les Tuileries sont détruits ou portent encore les blessures que l’incendie leur a faites.