Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/16

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comment vivait ce peuple, par quels miracles de prévoyance on subvenait à ses besoins, à ses exigences, à ses fantaisies, et combien de serviteurs inconnus s’empressaient autour de lui pour le surveiller, le diriger, l’aider, le secourir, écarter de lui tout danger et le faire vivre sans même qu’il s’en aperçût !

De cette idée est né ce livre.

Je n’ai point la prétention de faire une monographie de Paris, encore moins d’écrire son histoire. D’autres l’ont fait d’une façon magistrale, et je ne pourrais que répéter moins bien qu’eux ce qu’ils ont déjà dit. Paris étant un grand corps, j’ai essayé d’en faire l’anatomie. Toute mon ambition est d’apprendre au Parisien comment il vit et en vertu de quelles lois physiques fonctionnent les organes administratifs dont il se sert à toute minute, sans avoir jamais pensé à étudier les différents rouages d’un si vaste, d’un si ingénieux mécanisme.

Il suffit de jeter une lettre à la poste pour qu’elle parvienne à destination, de descendre sur la place publique pour y trouver un fiacre ou un omnibus prêt à marcher au premier signal, de monter dans un wagon pour être rapidement transporté à un lieu déterminé, d’entrer chez le boulanger pour y acheter du pain. Cela est fort agréable, il faut en convenir ; toute peine nous est épargnée, et comme dans les féeries, chaque objet vient, pour ainsi dire, se ranger sous notre main. Rien n’est plus simple en apparence ; nous acceptons cet état de choses ; mais sans remonter aux causes qui ont produit cet effet, nous estimons qu’il est bon qu’il en soit ainsi, et nous ne nous doutons guère que, pour arriver à un pareil résultat, il a fallu l’expérience de plusieurs siècles, le génie de bien des hommes et un effort sans cesse renouvelé.

Grâce à une suite de règlements et d’ordonnances où