909 000 ; — 1846, 1 053 000 ; — 1856, 1 174 347[1] ; — 1866, 1 825 274. Dans quarante ans, si la progression continue, Paris aura trois millions d’habitants. Où logeront-ils ? À cette époque, si de telles nécessités se sont imposées, que seront devenus les Champs-Élysées, le Bois de Boulogne et le champ de courses ? Il y aura là des maisons à cinq étages ; Paris et Saint Cloud se donneront la main par-dessus la Seine.
On peut croire qu’à la suite de ces changements physiques, le moral de Paris n’est pas resté ce qu’il était autrefois. L’empereur Julien, qui aimait beaucoup « sa chère ville de Lutèce », dit, en parlant des Parisiens : « Ils n’adorent Vénus que comme présidant au mariage ; ils n’usent des dons de Bacchus que parce que ce dieu est le père de la joie et qu’il contribue avec Vénus à donner de nombreux enfants ; ils fuient les danses lascives, l’obscénité et l’impudence des théâtres. » Si Julien revenait en ce monde, et qu’il se promenât sur nos boulevards au milieu des buveurs d’absinthe et des drôlesses à cheveux jaunes, s’il consultait le tableau des naissances, s’il s’égarait le soir dans certains bals publics et entrait dans quelque théâtre pour voir comment les modernes ont fagoté la belle Hélène, il pourrait éprouver quelque surprise, et dire, à l’instar des héros de Corneille : « J’en demeure stupide ! »
Une si essentielle modification ne s’est pas accomplie en un seul jour, celle-ci date déjà de loin ; Mercier répète souvent : « Paris est la guinguette de l’Europe. » Le mot serait faible aujourd’hui ; pour les étrangers, Paris est à la fois plus et moins qu’une guinguette ; mais l’expression honnête est encore à découvrir, et je n’ai
- ↑ En 1856, l’enceinte des fortifications renfermait 1 523 942 habitants. — Le recensement de 1872 indique 1 851 792 habitants. L’insignifiance de cet accroissement n’est que trop expliquée par les événements de 1870 et de 1871.