Aller au contenu

Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Beaune et était aussi, comme le pont Neuf et le pont Notre-Dame, embarrassé d’une pompe hydraulique. Tant bien que mal il dura une cinquantaine d’années, quoiqu’il ait été brûlé en partie vers 1657, qu’il fût souvent endommagé par les débâcles et qu’il exigeât des réparations continuelles. Le 20 février 1684, une crue plus haute que de coutume se fit sentir en Seine et le pont s’en alla avec elle ; Louis XIV ordonna de le reconstruire en pierres ; l’arrêt du conseil est du 10 mars 1685 ; quatre ans après, le pont Royal était terminé sous la direction de Gabriel[1], et le procès-verbal de réception du 13 juin 1689 constate qu’il a coûté 742 171 livres 11 sols[2].

En 1617, on avait réuni l’île Saint-Louis à la Cité par un pont de bois, dit aussi le pont Rouge, qu’une passerelle remplaça en 1842, et qui, aujourd’hui en bonnes pièces de fonte, s’appelle le pont Saint-Louis. Au dix huitième siècle, un seul pont apparaît, mais c’est le plus beau de Paris ; le pont de la Concorde, commencé en 1787[3], trainait en longueur ; la prise de la Bastille accéléra sa construction en lui apportant les matériaux de la vieille forteresse. Pendant longtemps nous l’avons vu

  1. Ce Gabriel est le père de Jacques-Ange Gabriel, auquel Paris doit l’ancien Garde-Meuble, le Ministère de la marine et l’École militaire.
  2. Delamarre, Traité de la police. t. I, p. 89.
  3. Il y avait longtemps qu’on avait compris la nécessité de faire bâtir un pont en cet endroit ; soixante ans avant qu’on se mit à l’œuvre, on avait pris à cet égard une détermination qui n’aboutit à aucun résultat. En effet, je lis dans les Mémoires de Mathieu Marais, à la date du 12 juillet 1723 : « On a registré, ce jour, des lettres-patentes pour la construction d’un pont de bois à Paris, aux environs de la nouvelle rue de Bourgogne, quartier Saint-Germain, au point de vue du pont tournant des Tuileries. Ce pont est nécessaire pour le dégagement du Pont-Royal, de l’entrée des Tuileries et des guichets du Louvre, et pour la communication du quartier Saint-Germain avec ceux de Saint-Honoré, de la Ville-Lévêque et du Roule. Il est permis à la ville d’emprunter 500 000 livres pour ce pont, et on payera, en remontant la rivière, 12 livres par bateau, comme au Pont-Royal. Cela va mettre bien des ponts et bien des droits. » (Journal et Mémoires de Mathieu Marais, t. III, p. 211, 212, édit. de Lescure.)