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public en janvier 1838, réunit le quai Saint-Bernard au quai de Béthune[1].

La révolution de Février a rendu aux Parisiens le service considérable d’annuler d’un seul coup les péages dont certains ponts étaient grevés ; aujourd’hui toute circulation est libre, et l’État a désintéressé les compagnies concessionnaires. Il existe cependant encore quelques ponts (le pont des Arts, la passerelle de Constantine), qui sont exclusivement réservés aux piétons ; à une époque comme la nôtre, où nos rues sont, à toute heure, encombrées par une quantité extraordinaire de voitures, où, malgré de considérables travaux rapidement accomplis, les débouchés sont encore insuffisants, une pareille anomalie, un tel contre-sens est absurde et devrait disparaître sans délai ; autant il était vexatoire d’avoir à payer jadis sur les ponts d’Austerlitz, d’Arcole, des Saints-Pères, des Invalides[2], autant il est difficile de comprendre qu’on force les voitures à des détours inutiles et préjudiciables, tandis qu’il serait si facile de reconstruire les ponts surannés qui leur refusent le passage aujourd’hui.

Le péage forcé de certains ponts a donné lieu sous Louis-Philippe à un incident comique dont le souvenir est resté populaire dans les traditions de l’École de médecine : M. Hippolyte Royer-Collard venait d’être désigné pour la chaire d’hygiène ; la première fois qu’il se présenta pour faire son cours, il fut outrageusement sifflé. Sa nomination n’avait pas été vue avec plaisir par les étudiants, décidés à lui faire payer cher une faveur

  1. La passerelle de Constantine ne subsiste plus ; elle s’est abîmée le 8 octobre 1872, à 4 heures et demie de l’après-midi, par suite de la rupture subite des câbles d’amont. Elle était en réparation ; trois ouvriers reçurent des blessures sans gravité.
  2. Dix ponts à péage avant 1848 : les ponts des Arts, d’Austerlitz, de la Cité, d’Arcole. de l’Archevêché, Louis-Philippe, du Carrousel (Saints-Pères), des Invalides ; la passerelle de Damiette et celle de Constantine.