Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/380

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L’administration télégraphique a organisé ce service dans le but de faire face aux besoins actuels de la distribution des dépêches, mais elle est bien loin de dépenser toute la force disponible. L’expérience a démontré qu’en rapprochant convenablement les convois et en profitant de la totalité de l’excès de pression réalisable, on pourrait facilement sextupler l’activité de la circulation et transmettre, dans une seule direction, jusqu’à dix à douze mille dépêches par heure. Et comme chaque poste peut expédier dans plusieurs directions à la fois, on comprend sans peine combien il serait avantageux d’appliquer le système adopté par l’administration télégraphique au transport et à la distribution de toutes les lettres dans l’intérieur de Paris.

Quelle que soit l’habileté des employés, quelque active que soit la surveillance exercée, un dérangement peut évidemment subvenir sur la ligne, un convoi de dépêches peut être arrêté en route. Comment procéder à la recherche du convoi dans les tubes souterrains ? Comment déterminer le point précis où existe l’obstacle, afin de rétablir promptement la circulation en dégageant la voie ? Heureusement l’appareil lui-même fournit un moyen fort simple de faire très-exactement cette importante détermination. On a, en effet, sous la main, un réservoir de capacité connue, contenant de l’air à une pression connue aussi. On met le réservoir en communication avec la voie obstruée ; la tension du gaz baisse d’autant plus que l’obstacle est placé plus loin. Mais la tension d’une masse gazeuse déterminée varie en raison inverse du volume qu’elle occupe ; de la diminution de tension observée on peut donc déduire très-facilement et très-exactement la capacité en mètres cubes de la portion de la ligne comprise entre le poste de départ et le point où le convoi est arrêté. D’autre part, on connaît le diamètre intérieur et par suite la section transversale des tubes de la voie ; en divisant cette capacité par la section des tubes, on obtient évidemment, à quelques mètres près, la distance à laquelle existe l’obstruction. On connaît donc ainsi le point où il faut ouvrir la tranchée pour retrouver le convoi et réparer la ligne. Un fait servira mieux que tout ce que nous pourrions dire à montrer la confiance que l’on doit accorder à ce procédé de recherche. Le jour de l’inauguration de la ligne souterraine entre le poste central, rue de Grenelle-Saint-Germain, et le Cercle impérial, rue Boissy-d’Anglas, le premier convoi lancé s’arrêta en route. Le calcul indiqua une obstruction vers le milieu de la rue de Bourgogne. On n’y voulut pas croire ; la ligne est toute droite dans le parcours de cette rue. On pensa que l’obstacle devait exister dans les courbes décrites par la ligne autour du palais du Corps législatif ; on ouvrit des tranchées, le convoi n’y était pas. La détermination, recommencée en sens inverse par le même procédé, donna le même résultat ; on se décida alors à découvrir la ligne au point indiqué par le calcul, vers le