Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/381

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milieu de la rue de Bourgogne ; on y trouva le convoi engagé dans un amas de sable que, pendant la pose, les ouvriers eux-mêmes, par négligence, avaient laissé pénétrer dans les tubes.

En définitive, la force de propulsion nécessaire à l’expédition des dépêches est fournie par les eaux de la ville ; les avantages de ce système sont si évidents qu’il est à peine besoin de les signaler. Remarquables par la simplicité de leur construction et la facilité de leur manœuvre, les appareils sont toujours prêts à marcher, et ne sont d’ailleurs exposés qu’à de très-faibles causes de dérangement. Livrée à très-bas prix par la ville, l’eau du canal de l’Ourcq est un moyen de compression de l’air disponible à toute heure, sans aucune préparation, sans frais de mise en train, ni d’entretien, ni d’approvisionnement. La ligne une fois construite, le prix de revient de la correspondance est exactement représenté par la valeur très-minime du volume d’eau utilisé : nulle du moment où la transmission s’arrête, la dépense reste toujours proportionnelle à l’activité du service.

Bien que jusqu’ici elle n’ait joué qu’un rôle secondaire et subordonné dans la transmission des dépêches, la ligne souterraine atmosphérique a fourni un service trop régulier pour que nous ne soyons pas autorisé à dire qu’elle a fait ses preuves. À notre avis, ce système devrait être généralisé et adopté dans les grandes villes comme moyen de transport et de distribution des lettres. Que se passe t-il, en effet, à Paris, à l’administration des postes, qui a imprimé à ses services toute l’activité que comporte l’emploi de courriers comme moyen de communication entre ses divers bureaux ? Malgré les sept levées et les sept distributions qui sont faites tous les jours, entre sept heures du matin et neuf heures du soir, il s’écoule moyennement quatre heures entre le moment où une lettre est mise dans une boîte et celui où elle arrive à destination, et les lettres déposées avant midi peuvent seules parvenir à temps pour permettre une réponse dans le courant de la même journée ; aussi les télégrammes de Paris pour Paris, malgré leur prix encore trop élevé, ont-ils été adoptés par la population avec un empressement qui témoigne de l’insuffisance des moyens actuels de correspondance. Mais, à moins de recourir à l’emploi toujours très-difficile de la dépêche chiffrée, il n’y a pas de secret réel possible avec la télégraphie électrique. Il y a donc nécessité de faire subir une réforme profonde et radicale au service de la distribution des lettres dans l’intérieur de Paris. L’expérience a démontré que le télégraphe atmosphérique, si heureusement inauguré par M. de Vougy, remplit toutes les conditions désirables d’économie, de rapidité et de sûreté ; en l’adoptant pour le transport des lettres, l’administration serait enfin en mesure de faire face à tous les besoins d’une correspondance chaque jour plus active.

7 août 1867.

J. GAVARRET.